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#15 La fois où des extra-terrestres ont effacé les messages sur mon répondeur et autres anecdotes improbables 

Je ne suis pas un grand fan du cinéma heroic-fantasy à la Star Wars ou du style Seigneur des Anneaux. J'ai l'impression qu'on y étire beaucoup trop la sauce, rendant le combat du Bien contre le Mal pas très subtil et un peu lassant à la longue. J'aime bien par contre quand un film sait rendre floue la ligne entre le réel et l'improbable. Comme dans Biutiful où le don du héros principal – il aide les morts qui errent à passer de l'autre côté – ajoute à l'histoire un aspect mystique discret, mais qui ne va jamais jusqu'à altérer le côté réaliste du drame qui s'y joue.

Même chose pour Micheal Clayton , film qui met en vedette George Clooney dans le rôle d'un "fixer" d'une grosse firme d'avocat de New-York qui doit convaincre son vieil ami de ne pas représenter une jeune femme dont il devait à l'origine miner la cause qu'elle avait amenée devant un tribunal. Fille d'agriculteurs, la plaignante demande réparation à une multinationale dont les pesticides auraient empoisonné la nappe phréatique et causé la maladie dégénérative et mortelle de ses parents. L'avocat - joué par Tom Wilkinson ( quel acteur! ) et qui s'appelle Arthur dans le film – avait d'abord été mandaté pour défendre le géant agricole jusqu'à ce qu'il décide de retourner sa veste en plein procès. Le film commence d'ailleurs sur un monologue vraiment prenant où on entend Arthur expliquer à Micheal les raisons de ce revirement. On l'apprendra par après, Arthur est maniaco-dépressif et il avait cessé de prendre ses médicaments. Et même s'il insiste pour dire que « this is not an episode », à la façon dont il décrit la vision soudaine qu'il a eu de son travail et de son cabinet, on le croirait effectivement en plein délire. 

Ajoutons à cela que de se déshabiller en pleine audience et demander du même coup pardon à la plaignante n'était pas de nature à rassurer celle qui dirige l'entreprise qu'il devait défendre sur son état psychologique, d'où l'entrée en scène de Michel Clayton - qui connait bien Arthur - et à qui le patron de la firme demande de réparer les pots cassés. Mais en tant que spectateur, on comprend très bien les motifs qui ont poussé Arthur à agir de la sorte; cela faisait 6 années qu'il empochait de grosses sommes en travaillant sur ce dossier jusqu'à ce qu'il tombe sur un document confidentiel prouvant que la compagnie savait que son produit était nocif. Cette nouvelle information qu'on luit avait cachée sera l'une des causes de sa volte-face et de la prise de conscience brutale qui s'ensuivit.

            

Je ne vous raconterai pas toute l'histoire mais sachez que le jeu de toute la distribution est impeccable et que le scénario est juste trop parfait. Ce thriller judiciaire - d'une profondeur psychologique remarquable - aurait déjà été excellent si on s'était contenté d'exploiter la folie d'Arthur et son délire mystique, mais un autre élément - encore plus surprenant - s'y juxtapose et rend l'histoire d'autant plus intéressante. C'est qu'Arthur appelle de temps en temps le fils de Micheal pour connaître les détails d'un livre que l'enfant est entrain de lire au sujet d'un royaume imaginaire où s'affrontent les forces du Bien et et du Mal, comme s'il y trouvait des indications qui l'aidaient à poursuivre son propre combat. Et sans s'en douter, une illustration que Micheal verra dans ce même livre lui sauvera la vie car il rencontrera au détour d'une route un paysage identique à celui entrevu dans l'une de ses pages – une colline, 2 arbres et 3 chevaux - ce qui le fera sortir de sa voiture, juste avant qu'une bombe ne la pulvérise... Tout comme dans Biutiful, c'est en filigrane, de manière très subtile que l'élément fantastique se déploie tout au long de l'histoire et bonifie grandement le récit en ce qui me concerne. 

Mais qui n'a pas déjà entendu parler d'histoires bizarres qui seraient arrivées dans la vraie vie à un ami ou à l'ami d'un ami..? Dans un post récent sur Facebook, un musicien originaire des Îles-de-la-Madeleine racontait qu'il venait de renouer avec le violon et se remémorait les soirées qu'il avait passées alors qu'il était petit à écouter des violoneux légendaires qui jouaient avec son père, dont un certain Edouard Boucher qui avait, parait-il, le don d'arrêter le sang... M'est alors revenue la fois où j'ai moi-même sollicité sans le vouloir le pouvoir d'un arrêteur de sang. J'ai encore gardé cette mauvaise manie de parfois m'arracher la peau autour des ongles, spécialement les cuticules, ce qui peut occasionner d'embarrassantes hémorragies. Il y a longtemps, alors que j'étais adolescent, je m'étais sérieusement amoché l'index de la main droite. Je ne m'étais pas manqué - ça coulait joyeusement - et ce, juste avant d'embarquer dans un autobus pour une retraite dans les bois avec la pastorale de l'école secondaire. Un peu gêné, j'étais allé voir le responsable pour lui demander s'il avait un plaster. Je me souviens encore très bien du petit geste discret qu'il avait fait avec 2 de ses doigts au-dessus de ma main, en me disant que je n'en aurais pas besoin... Le saignement avait effectivement cessé sur le champ, sans que cela me paraisse inhabituel tant le tout s'était passé rapidement et comme si cela allait de soi! 

J'ai un ami qui a son lot d'histoires étranges et comme nous avons déjà habité ensemble, j'ai vécu avec lui 2-3 moments pour le moins awkward. Dont cette fois où nous partagions la même chambre - on vivait à 4 dans un 5 ½ sur St-Urbain près de Bernard pour 320 $ par mois! - et avions eu à notre réveil la même sensation étrange de ne pas avoir vraiment dormi. Et d'avoir été éblouis par une lumière blanche pendant une bonne partie de la nuit. Et d'avoir le sentiment que plusieurs personnes avaient été présentes dans l'appartement durant notre sommeil. Comme nos 2 autres colocs étaient toujours absents – ils avaient dormi chez leur copine respective - ce n'était donc pas eux qui étaient rentrés au petit matin et qui avaient fait la fête pendant que nous dormions. Alors que nous nous étonnions encore en déjeunant de partager la même impression, je remarquai que le voyant du répondeur à cassette - nous étions en 1991 ou 92 - clignotait. C'était intriguant car nous avions passé la soirée à discuter et à jouer aux échecs et personne n'avait appelé. Mais ce qui était encore plus étonnant, c'est que tous les messages avaient été effacés, même le message d'accueil! Et non seulement le message d'accueil n'était plus là, il avait été remplacé par des bruits, bruits qui s'apparentaient à des voix qui auraient conversé dans un dialecte inconnu, mais qui en même temps ne ressemblait à rien... d'humain. La prise de son, bien que mauvaise, témoignait au début d'un brouhaha général jusqu'à ce qu'une voix au ton autoritaire se fasse entendre plus clairement. Il était impossible de décoder quoi que ce soit mais on pouvait deviner à son intonation que le monsieur (?) n'était pas content, comme s'il disait : « Je vous avais dit de toucher à rien gang d'épais! ». Un clac bien sonore avait suivi, on avait manifestement appuyé brusquement sur la touche stop.  

Le surlendemain de cet étrange événement, on pouvait lire dans La Presse du mardi que l'aéroport de Dorval avait reçu un nombre élevé d'appels de citoyens affirmant avoir vu de drôles d'objets se déplacer dans le ciel de Montréal durant la nuit de dimanche... 

Cette autre anecdote à propos d'un ovni aperçu dans le ciel de Montréal est quand même assez spectaculaire..!

La prochaine histoire revêt un caractère moins fantastique mais elle est tout de même étonnante. En secondaire 3, je suis devenu complètement gaga d'une fille qui était de 2-3 ans mon ainée. Simplement la voir passer devant mon casier me chamboulait sérieusement. Au-delà du fait que je la trouvais très jolie, j'avais aussi l'impression de déjà la connaître, bien que que je ne lui avais jamais adressé la parole. Cela fait longtemps qu'elle n'occupe plus mon esprit mais à bien y penser, j'aurais encore de la difficulté à expliquer aujourd'hui ce sentiment de proximité immédiate... Anyway, pour faire une histoire courte, j'en suis venu avec le temps à m'en rapprocher. J'ai certes travaillé fort en ce sens mais le nombre de fois où le hasard m'a aidé est quand même impressionnant. Comme je n'étais pas du genre à tenir un journal, j'ai malheureusement oublié pas mal d'anecdotes mais il serait difficile de ne pas se rappeler la fois où ayant perdu son ancienneté comme animatrice dans les camps de jour de Laval, elle put réintégrer in extremis son poste en étant affectée à la petite équipe où j'étais moi-même moniteur. Laval, je tiens à le rappeler, c'est quand même la 2e plus grosse ville du Québec. Par contre, comme 2 années de scolarité nous séparaient, il y a eu de longues périodes où je ne l'ai pas croisée. Mais la vie est ainsi faite qu'un soir, elle se pointa à mon appartement pendant qu'on y tenait une fête. Je ne m'attendais pas à sa venue mais comme mes colocs et elle avaient des amis en commun, ce n'était pas non plus surprenant qu'elle y soit. J'étais bien content de la revoir et elle aussi il me semblait. Ce fut une belle soirée, et de l'avoir passée en sa compagnie raviva mon sentiment pour elle. Je décidai donc de lui écrire quelques jours après pour lui faire part de la chose. Une fois ma lettre terminée, je me suis dit que je passerais avant mon cours par le bureau de poste de l'Uqam - où j'étudiais alors en Histoire - pour lui envoyer ; on devait bien offrir ce service quelque part sur le campus. Je ne m'étais pas trompé, il y avait bel et bien un comptoir postal dans l'université mais il était pas facile à trouver. J'ai dû demander mon chemin plusieurs fois avant d'arriver au corridor situé au 2e sous-sol dont on me parlait depuis le début. On se serait cru dans un film de science-fiction soviétique ou dans une base secrète nucléaire tant le corridor était long et qu'on y croisait personne. J'en étais même à me demander si j'étais sur le bon chemin tant il me paraissait insensé qu'un bureau de poste soit à ce point reculé et difficile d'accès. Mais enfin, après 2-3 minutes à marcher seul - alors que l'Uqam était envahie par des milliers d'étudiants qui se mettaient en route pour leurs cours quelques mètres au-dessus de ma tête - une silhouette est apparue au loin, me donnant à penser que j'allais peut-être dans la bonne direction. Évidemment, plus j'avançais, plus il devenait possible de distinguer les traits de la personne qui marchait vers moi. Je pouvais commencer à déceler qu'il s'agissait d'une fille. Et qui avait l'air plutôt jolie. Et dont la démarche me rappelait de plus en plus quelqu'un... Et puis, comme en secondaire 3 lorsque passait devant mon casier un certain visage, mon rythme cardiaque s'est mis à s'accélérer. Je croyais avoir la berlue. La fille dont je ne cessais de me rapprocher ressemblait un peu trop beaucoup à celle à qui je destinais ma lettre... Je ne l'avais jamais rencontrée pendant les 3 sessions durant lesquelles j'ai fréquenté l'université, et voilà qu'on arrivait simultanément par des chemins opposés devant le bureau de poste encastré à même le mur du corridor où nous nous retrouvions ( presque ) seul à seul, alors qu'elle était la cause même de ma présence en cet endroit! J'étais trop sonné. J'ai nerveusement balbutié quelque chose, remis rapidement la lettre au préposé (!), et je suis reparti, le pas pressé vers le local où mon cours allait commencer d'une minute à l'autre. 

Alors vous comprendrez que lorsque Michel Clayton décide de sortir de sa voiture pour mieux contempler un paysage qui se trouve à être la copie conforme de l'illustration qu'il a vue dans un des livres de son fils, ce n'est pas moi qui va chialer pour dire que c'est un peu tiré par les chevaux... 

( Ce film est trop bon. La preuve, c'est le seul que j'ai jamais acheté, la copie que m'avait donnée Natasha Beauchamp ne se lisait plus. Merci encore Nat pour la découverte! )